Intervention d'Elisabeth Borne - Evènement biocarburants à Toulouse le 27 janvier 2020

Le Mardi 28 janvier 2020

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

 

Monsieur le ministre, cher Jean-Baptiste,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président directeur général d’Airbus [Guillaume Faury],
Madame la Présidente directrice générale d’Air France [Anne Rigail],

Mesdames et messieurs,
Chers amis,

***

La transition du transport aérien constitue un défi immense :
- parce que, dans 20 ans, le trafic aérien pourrait avoir doublé à l’échelle mondiale.
- et en 2050, nous devrons être globalement neutres en carbone en France et en Europe.

Cela peut sembler irréconciliable.

Et pourtant, je suis très heureuse d’être parmi vous ce matin pour parler d’un avenir de l’aviation cohérent avec nos objectifs climatiques.

Vous le savez : il y a urgence à agir pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Pour protéger à la fois le climat et le vivant.

Ce sens de l’urgence, nos concitoyens le partagent et attendent des actes.
Certains se posent même la question de ne plus prendre l’avion, et nous devons collectivement entendre cette remise en cause.

L’entendre : pour y répondre. Pour que le transport aérien reste cet outil d’échange et de lien.

1.    Nous devons donc ensemble accélérer la transition énergétique de l’aérien. Pour qu’il contribue pleinement à atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle.

En matière d’aviation, cette transition se pense à deux horizons : le long et le court terme.

a) A long terme, tout le secteur doit s’engager pour l’avion décarboné et les nouvelles technologies de propulsion. Cela pose la question des ruptures technologiques, et principalement de l’hydrogène.
Certains en doutent.

Moi j’en fais le pari.

Car la France a tous les outils pour réussir à construire l’avion zéro carbone. Nous sommes un des deux seuls pays au monde à disposer d’une filière aéronautique complète.

Des grands industriels aux PME, je sais que les avionneurs, les équipementiers, les motoristes sont engagés pour relever ce défi.

En matière d’aviation : rien n’est impossible. Les programmes spatiaux dans laquelle notre industrie excelle l’ont montré.

b) Mais penser ce long terme et ces ruptures ne doit pas nous empêcher d’agir dès aujourd’hui pour accélérer la décarbonation du secteur et être à la hauteur de nos ambitions climatiques.

Pour y arriver, les outils sont sur la table.

L’exemple de l’A350 que nous avons sous les yeux l’illustre. Améliorer l’efficacité énergétique des aéronefs dès à présent, ça marche.

Optimiser les trajectoires et les procédures opérationnelles pour limiter les émissions est une autre solution.

 

2.    Et il y a, bien sûr, le déploiement des carburants durables.

Nos ambitions sont dans cette feuille de route que vous a présentée Jean-Baptiste Djebbari :

2 % de carburants durables en 2025,

5 % dans l’approvisionnement de l’aviation en 2030. Cela peut sembler peu face aux enjeux, mais c’est le point de départ d’une dynamique.

Et à terme, nous visons 50 % de carburants durables en 2050, conformément à la stratégie nationale bas-carbone que nous avons mise en consultation la semaine dernière.

Evidemment, notre priorité restera la sécurité des vols. C’est pour cela que ces carburants sont certifiés, afin de maintenir une exigence de sécurité optimale.

Cette feuille de route doit aussi être lue à la lumière de notre horizon commun, l’Europe. La France a contribué à faire des carburants durables une priorité dans le « pacte vert » de la Commission européenne. Et nous continuerons d’agir dans cet esprit, en soutenant toutes les initiatives en faveur de leur déploiement.

Mais, je tiens à le dire clairement, nous avons une autre ambition toute aussi importante : que ces carburants soient véritablement durables. Et ce, en prenant en compte l’intégralité de leur cycle de vie.

Cela veut dire qu’ils ne doivent en aucun cas entraîner directement ou indirectement de la déforestation ou entrer en concurrence avec les usages agricoles.
Ce n’est qu’à ces conditions qu’ils contribueront réellement à la décarbonation du secteur.

Et j’y serai particulièrement vigilante.

Nous nous reposerons donc avant tout sur les biocarburants avancés. Avec les huiles usagées et la valorisation des déchets végétaux et agricoles : nous avons un gisement pour faire voler nos avions.

C’est un nouvel exemple très concret de l’économie circulaire qui peut être un formidable catalyseur des innovations. Pour que les déchets transportent les biens et les hommes.

Et par la suite les carburants produits à partir d’algues par exemple. C’est également tout un pan de recherche et d’innovation qui s’ouvre à nous.

C’est pourquoi j’ai proposé que les carburants durables fassent partie des marchés clés du pacte productif.

Ces objectifs, de déploiement, de durabilité, demandent une montée en puissance des filières françaises de production et des investissements au rendez-vous.
 
C’est tout le sens de l’appel à manifestation d’intérêt [AMI dans notre jargon administratif] que nous lançons aujourd’hui. Pour identifier les meilleurs outils, les acteurs et les projets innovants. Pour montrer une fois encore que la transition écologique est pourvoyeuse d’innovations et d’emplois.

Mais nous ne devons pas non plus nous enfermer dans une voie unique. Parmi les carburants durables, il faut aussi explorer la voie des carburants de synthèse. Produits à partir du carbone capté de l’industrie ou de l’environnement, ils pourraient à moyen terme constituer, en complément, un nouveau levier de décarbonation.

***

Voilà Mesdames et messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce matin en quelques mots.

L’avenir de l’aviation, comme celui de notre société : c’est la neutralité carbone.

Les carburants durables font partie de la solution. Et je souhaite que la France prenne le leadership dans le développement de ces filières de demain.

Je sais que vous y êtes engagés.

Et vous savez que l’Etat est et sera à vos côtés pour construire ensemble un transport aérien écologique et durable.

Je vous remercie.

 

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