Publié le 26 juin 2024

Mis à jour le 10 octobre 2025

Temps de lecture : 7 minutes

Suivi des émissions de gaz à effet de serre

  • Lutte contre le changement climatique

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine entraînent un réchauffement de la température moyenne de la surface terrestre et perturbe les équilibres écosystémiques. La lutte contre le changement climatique vise à maintenir les conditions d’habitabilité de la Terre.

Objectifs internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Au niveau mondial, l’Accord de Paris fixe l’objectif de maintenir la température mondiale « nettement en dessous » de 2 °C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, et de « poursuivre les efforts » pour limiter ce réchauffement global à 1,5 °C.
Pour relever ces défis et faire de l’Europe le premier continent neutre pour le climat en 2050, l’Union européenne (UE) s’est dotée d’une feuille de route : le pacte vert pour l’Europe, lancé en 2019.
Elle a traduit cette ambition en inscrivant dans le droit européen le principe de la neutralité climatique en 2050 et prévoit des jalons intermédiaires s’agissant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. À l’horizon 2030, l’Union européenne et ses États membres se sont engagés collectivement à réduire les émissions de gaz à effet de serre européennes de 55 % net en 2030 par rapport à 1990 (contre -40 % brut antérieurement).

Objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre

En lien avec son engagement pris lors de l’Accord de Paris, la France s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire l’équilibre entre nos émissions et les absorptions de gaz à effet de serre, dès 2050.
Pour mener sa politique d’atténuation du changement climatique, la France a mis en place un outil de planification : la Stratégie nationale bas-carbone, dont la deuxième édition en vigueur (SNBC-2) a été adoptée en avril 2020.
Cette stratégie prévoit des réductions majeures d’émissions de GES dans tous les secteurs d’activité émetteurs : transport, bâtiments, industrie, agriculture, production d’énergie, déchets.
L’objectif national actuel à l’horizon 2030, tous secteurs confondus, est de réduire d’au moins 40 % nos émissions brutes de GES par rapport à 1990. La SNBC-3 en cours d’élaboration rehaussera cet objectif de réduction à -50 % entre 1990 et 2030, soit l’atteinte d’environ 270 MteqCO2 (millions de tonnes en équivalent CO2)1.
Pour réussir la transition vers une économie décarbonée et durable, la SNBC fixe des objectifs contraignants à court et moyen terme – les budgets carbone, arrêtés par décret – et donne les orientations stratégiques sectorielles de long terme.


1  Ce résultat est basé sur une itération de modélisation préparée sur la base de l'inventaire national des émissions de gaz à effet de serre établi par le Citepa en 2023 (Secten 2023).

Suivi des émissions de gaz à effet de serre et comparaison aux objectifs

La comparaison des émissions de la France (sur la base des inventaires les plus à jour) au budget carbone de la période considérée est un indicateur clé du suivi de la mise en œuvre de la stratégie. Elle permet notamment de constater l’impact récent de mesures passées.

Sources des données d’émissions de gaz à effet de serre

Plusieurs dispositifs sont mis en place au niveau national pour suivre les émissions de gaz à effet de serre :

Inventaire Secten
L’inventaire au format Secten (secteurs économiques et de l’énergie), établi par le Citepa, sert au suivi de la politique climatique nationale. Dans cet inventaire, les GES sont alloués aux secteurs économiques ou aux activités qui les ont émis. Il comprend 7 secteurs : industrie de l’énergie, industrie manufacturière, résidentiel/tertiaire, transports, agriculture, déchets, utilisation des terres et changement d’affectation des terres et foresterie. Cet inventaire est établi annuellement avec, à chaque nouvelle édition, une pré-estimation des émissions de GES pour l’année n-1 et les données consolidées à partir de n-2.

Baromètre
Pour répondre au besoin de réactivité lié aux enjeux de l’urgence climatique et de qualité de l’air, le Citepa propose des estimations mensuelles des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques dans l’année en cours. Le baromètre des émissions mensuelles est calculé en cohérence avec les émissions annuelles. Il permet de suivre l’évolution des émissions au fils des mois de l’année en cours et de comparer les émissions mois à mois avec l’année précédente. Il est établi trimestriellement.

Analyse des dernières données d’émissions annuelles de GES disponibles

Transcription de l'image : 23080_infog_GES-2024.jpg

La France réduit encore ses émissions de CO2


Baisse de 1,8 % en 2024, par rapport à 2023 (estimation provisoire)

Transports : -1,2 % / 34 % des émissions de CO2 de la France

Industrie : -1,4 % / 17 % des émissions de CO2 de la France

Énergie : -10,2 % / 9 % des émissions de CO2 de la France

Agriculture : -0,5 % / 21 % des émissions de CO2 de la France

Bâtiments : -0,7 % / 15 % des émissions de CO2 de la France

Déchets : -0,0 % / 4 % des émissions de CO2 de la France

Transcription de l'image : 23080_infog_GES-2024.jpg

La France réduit encore ses émissions de CO2


Baisse de 1,8 % en 2024, par rapport à 2023 (estimation provisoire)

Transports : -1,2 % / 34 % des émissions de CO2 de la France

Industrie : -1,4 % / 17 % des émissions de CO2 de la France

Énergie : -10,2 % / 9 % des émissions de CO2 de la France

Agriculture : -0,5 % / 21 % des émissions de CO2 de la France

Bâtiments : -0,7 % / 15 % des émissions de CO2 de la France

Déchets : -0,0 % / 4 % des émissions de CO2 de la France

En 2024, les émissions de gaz à effet de serre nationales hors puits de carbone (secteur UTCATF - utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie) se sont élevées à 369,2 MteqCO2, en baisse de -1,8 % par rapport à 2023 (376,1 MteqCO2), représentant -6,9 MteqCO2 de différence, selon la pré-estimation « proxy » du Citepa. Les émissions poursuivent ainsi leur baisse et s’établissent à un niveau inférieur à celles de 2020, qui représentaient déjà un record historique (396,1 MteqCO2 sans UTCATF).

Cette baisse brute de 1,8% marque toutefois un ralentissement dans le rythme de réduction des émissions de GES, après une baisse de 6,8 % des émissions brutes entre 2022 et 2023.

(Source : Secten 2025)

Analyse des dernières données d’émissions trimestrielles de GES disponibles

Le Citepa a mis en ligne le 10 octobre 2025 une estimation provisoire des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le premier semestre 2025, ainsi qu’une prévision des émissions pour l’année 2025 complète. 

Une légère baisse des émissions de gaz à effet de serre au premier semestre

Contrairement au premier trimestre 2025, les émissions de gaz à effet de serre (GES) (hors secteur des terres et de la foresterie et hors soutes internationales) du deuxième trimestre 2025 seraient en légère baisse (-2,5 % par rapport au deuxième trimestre 2024). Au global, les émissions du premier semestre 2025 hors puits de carbone sont estimées à 189,7 Mt CO2e, en baisse de -0,6 % (soit -1,1 Mt CO2e) par rapport au premier semestre 2024.

Cette légère baisse des émissions observée sur le premier semestre 2025 par rapport au premier semestre 2024 s’explique principalement par une baisse des émissions dans l’industrie (-1,4 Mt CO2e), et dans une moindre mesure dans les transports (-0,8 Mt CO2e), partiellement compensée par la hausse des émissions dans les bâtiments (+0,5 Mt CO2e) et dans l’agriculture (+0,5 Mt CO2e). Les émissions de l’énergie sont quasiment stables (+0,03Mt CO2e). 
 

Une baisse attendue pour l’ensemble de l’année 2025, mais à un rythme insuffisant

Selon les prévisions établies par le Citepa sur la base de prévisions d’indicateurs macro-économiques, la France devrait enregistrer pour l’année 2025 complète une baisse globale de ses émissions de GES hors puits de carbone de -0,8 % par rapport à 2024, atteignant un total de 366,3 Mt de CO₂e sur l’année.

Cette légère baisse marquerait un net ralentissement par rapport aux années antérieures de -1,8 % en 2024 et -6,8 % en 2023. Elle resterait sensiblement en-deçà de la trajectoire attendue pour atteindre une réduction de -50 % d’émissions brutes en 2030 par rapport à 1990, en cohérence avec le projet de Stratégie nationale bas-carbone n°31, et les objectifs climatiques européens. L’atteinte de ces objectifs nécessite en effet de baisser nos émissions brutes de l’ordre de 5 % chaque année jusqu’à 2030.
 1 Projet de SNBC 3 soumis à la concertation en novembre 2024. 

Consulter la note commune de la Direction générale de l’énergie et du climat, du Secrétariat général de la planification écologique et du Commissariat général au développement durable sur l'evolution des émissions de gaz à effet de serre au 1er semestre 2025 et la prévision sur l’année 2025 complète au format SECTEN 2025.

Les émissions nationales depuis 1990

 

Figure 1 : Évolutions des émissions territoriales de GES brutes (hors émissions et absorptions associées à l’usage des terres et à la foresterie) et nettes (incluant les émissions et absorptions associées à l’usage des terres et à la foresterie) depuis 1990.
(Sources : données Secten de juin 2025, dont l’année 2024 est une pré-estimation)
 

Les émissions nationales depuis l’Accord de Paris

Figure 2 : Émissions brutes de gaz à effet de serre et comparaison aux budgets carbone
(Sources : données Secten de juin 20242025, dont l’année 2023 2024 est une estimation dite « proxy »).
À noter : (i) Le budget carbone 2015-2018 a été clôturé en 2020. Il ne fait plus l’objet « d’ajustements techniques » et il n’est ainsi plus opportun de recalculer le solde de ce budget carbone sur la base d’inventaires ultérieurs au risque de créer une distorsion dans l’analyse ; (ii) ce graphe fait apparaître les budgets carbone de la SNBC-2 ajustés, à titre indicatif et provisoire, en 20254. L’ajustement final du budget carbone 2019-2023 sera effectué en 2025 sur la base des données d’inventaires consolidées pour 2023.