Répercussions de la crise sanitaire sur l’approvisionnement en électricité pour l’hiver 2020-2021 : Elisabeth Borne annonce des mesures pour contribuer à l’équilibre du système électrique

Le Jeudi 11 juin 2020

Depuis le début de la crise sanitaire, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, mobilise les différents acteurs du secteur de l’électricité, notamment le président du Directoire de RTE (Réseau de transport d'électricité), le président de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et le président-directeur général d’EDF afin d’assurer la continuité de l’approvisionnement électrique de la France. La ministre a annoncé des mesures pour contribuer à l’équilibre du système électrique pendant l’hiver 2020-2021, à l’occasion d’une présentation des nouvelles évaluations par RTE des besoins en électricité pour les mois à venir.

En raison de la situation sanitaire et de la nécessaire application des gestes barrières pour assurer la sécurité sanitaire des employés, EDF prévoit, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire, un allongement des durées des arrêts pour maintenance de ses centrales nucléaires en 2020. Cela entraînera un décalage dans le redémarrage des réacteurs, ainsi qu’une moindre disponibilité des installations, provoquant une tension sur l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité. Au regard des analyses remises ce jour par RTE sur la sécurité d’approvisionnement en France, le ministère porte une vigilance constante à cette situation et a mobilisé l’ensemble des acteurs concernés - associations d’élus, fournisseurs d’électricités, grandes foncières, bailleurs sociaux, acteurs de l’effacement  pour mettre en place les solutions permettant de limiter cette tension, notamment dans la période hivernale qui conduit naturellement à une plus forte demande en électricité.

Elisabeth Borne a d’abord demandé à EDF de proposer une optimisation du calendrier des arrêts de réacteurs, dans le respect des exigences de sûreté, afin de renforcer la continuité d’approvisionnement pour l’hiver. De nouvelles mesures détaillées ci-dessous permettront de favoriser la maîtrise de la consommation électrique, notamment durant les pics de consommations.

« La situation sanitaire a conduit à une réduction de la disponibilité du parc nucléaire français dans les mois à venir, qui pourrait créer des tensions sur la continuité d’approvisionnement pour l’automne et l’hiver 2020-2021. Nous avons travaillé activement avec EDF, RTE et l’ASN pour assurer une disponibilité maximale du parc de production électrique français. J’ai également mobilisé l’ensemble des acteurs pour que nous puissions limiter la consommation d’électricité dans les périodes tendues dans tous les secteurs : résidentiel, tertiaire, et industriels. La crise sanitaire a généré une situation exceptionnelle, à laquelle nous devons répondre collectivement. »

Mesure 1 : Modification du programme d’arrêts et de maintenance des réacteurs nucléaires pour assurer une disponibilité maximale d’électricité durant l’hiver

A la demande de la ministre, différentes mesures ont été proposées par EDF et sont en train d’être mises en œuvre pour assurer la disponibilité la plus élevée possible du parc nucléaire pendant l’automne et l’hiver. En particulier, en lien avec le ministère et l’ASN, EDF a modifié le calendrier d’arrêt des réacteurs, pour décaler les arrêts planifiés lorsque cela est compatible avec les exigences de sûreté nucléaire, ainsi qu’avec les contraintes industrielles du parc. Afin de permettre ces reports d’arrêts, certaines centrales nucléaires devront être arrêtées pendant l’été pour économiser du combustible en vue de l’hiver.

Dans la continuité de cette demande, RTE a analysé les impacts de ces modifications du calendrier des arrêts de réacteurs. Ces études montrent que, si la situation pour l’hiver prochain doit faire l’objet d’une vigilance particulière, les actions d’optimisation du calendrier proposées par EDF permettent d’améliorer sensiblement la situation en maximisant la disponibilité du parc nucléaire sur les périodes critiques.

                                                                         

Mesure 2 : Soutien aux dispositifs d’effacement [1] pour adapter la consommation d’électricité de façon ponctuelle

Pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande, il est possible d’adapter la consommation de façon ponctuelle au moment des pointes de consommation, grâce à l’effacement. Afin de mieux maîtriser la consommation électrique et de développer des gisements mobilisables dès l’hiver prochain, la ministre a annoncé le renforcement des dispositifs de soutien à l’effacement :

  • Le ministère double le mécanisme de soutien par appel d’offres pour permettre aux opérateurs de proposer des capacités d’effacement plus importantes. De 30k€/MW, il passe à 60k€/MW pour l’année 2021 pour permettre jusqu’à 500 mégawatt d’offre supplémentaire en période de pointe. Sera également mis en place une bonification pour les nouvelles capacités d’effacement qui pourraient se rendre disponibles dès le mois de novembre 2020 ;
  • Un appel d’offres spécifique pour soutenir l’effacement tarifaire est également en préparation pour favoriser le développement de nouvelles offres tarifaires dès le mois de septembre 2020. L’effacement tarifaire permet de proposer aux consommateurs des offres tarifaires qui permettent de disposer d’un prix de l’énergie en dessous de la moyenne du marché la majorité du temps, en contrepartie d’un prix dissuasif en cas de pic de consommation sur le réseau. Ce système permet au consommateur de réaliser des économies en adaptant ses usages d’électricité hors des pics de consommation. 

 

Mesure 3 : Lancement d’un « Coup de pouce thermostat » pour prendre en charge 150 euros sur le coût d’installation de thermostats plus performants chez les particuliers afin de favoriser les économies d’énergie 

Dès le 1er juillet, un « Coup de pouce thermostat » permettra de prendre en charge 150 euros sur le coût d’installation de ces dispositifs de pilotage de son chauffage, via le mécanisme des Certificats d’économie d’énergie. Ce dispositif permettra de couvrir près de la moitié du coût d’installation pour un particulier. L’objectif est d’en installer 20 000 à 40 000 dispositifs par mois. 

Pour favoriser les économies d’énergie, le Gouvernement met également en œuvre une aide à destination du secteur tertiaire, par le biais d’un bonus sur les contrats de performance énergétique. Les contrats de performance énergétique (CPE), dans lesquels un prestataire s’engage sur des objectifs d’économies d’énergie permettent aux bénéficiaires de s’assurer de gains sur la facture énergétique grâce aux travaux engagés. De telles opérations pourront bénéficier d’un bonus à partir du 1er juillet 2020. Le bonus sera d’autant plus élevé que les CPE fixeront des garanties d’économies d’énergie ambitieuses et sur une durée longue.

Ces mesures d’économie d’énergie seront accompagnées par plusieurs campagnes de communications pour continuer à sensibiliser les Français aux éco-gestes. Elles seront mises en œuvre par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). 

Elisabeth Borne réuni également ce jeudi 11 juin, les représentants de collectivités locales, les fournisseurs d’électricité, les bailleurs sociaux, les grands consommateurs industriels et les grandes foncières pour identifier les gisements d’effacement et de réduction de consommation à la pointe qui pourraient être mobilisés rapidement afin de sécuriser l’alimentation électrique de l’hiver prochain. Les propositions sont attendues pour le début du mois de juillet afin de pouvoir être déployées à l’automne 2020.

 

[1] Réduction ponctuelle de la consommation électrique

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